Lundi

Je me rend compte que je n'ai pas publié "les divagations" dont je parlais dans une note précédente. En effet, au moment où je dactylographiais mon ouvrage, j'étais en proie à une profonde lassitude due essentiellement à une soirée qui ne s'est jamais terminée.

Je voulais parler de "l'Allocation Universelle", chose politique et philosophique qui me passionne, moi et un autre dégénéré de la même espèce avec qui je peux discuter des heures. L'Allocation universelle, donc, voudrait assurer à tous une même rente mensuelle. De ce constat simple m'est venu plusieurs thèses, dont une qui a nourri une conférence au Centre Jésuite de Sèvres (je vous conseille les conférences qui s'y déroulent, il y a parfois de purs chef d'oeuvres de rhétorique cultivée. Parfois, c'est à chier aussi...)
Je crois que cette Allocation Universelle a pour effet d'aristocratiser la démocratie.
Plus avant dans ce paradoxe, songeons à la valeur "honneur" de l'Ancien Régime qui faisait du travail une chose certes profitable, mais complètement contingente, voire même interdite pour l'élite, la Noblesse. De là, deux concepts, la "rente" et "l'infamie", c'est-à-dire, le fait de déroger, de travailler pour gagner sa vie, dit simplement. Tout les efforts de la Révolution bourgeoise de 1789, puis de la Révolution industrielle, tendent à démolir cette vieille valeur qu'est l'honneur, et la remplacer par le travail en soi, ou plutôt, la productivité, l'efficacité dans le réel. Plus l'homme travaillera et gagnera de l'argent, plus il sera élevé socialement : l'archétype du "tycoon" à l'américaine ou du "nouveau riche" en France, bien que cette qualification ne soit pas toujours élogieuse (un vieux reste médiéval et judéo-chrétien qui rend d'ailleurs l'Etat, laïque et fier de l'être, plus névrosé et radical qu'un Etat islamiste terroriste).
Tout va donc parfaitement bien dans le meilleur des mondes : les gens sont heureux [mais consomment du Prozac], l'Etat est beau, fier et égalitariste [mais tout ce beau monde lui crache dessus, dans le dos (très courant) ou sur ses jouets neufs ("la France de la rue")]. L'Allocation Universelle est donc extrêmement novatrice et nihiliste (dans le sens purement nietzschéen du terme) : elle veut supprimer le lien désormais traditionnel entre "travail" et "social", purement et simplement. Fin de la justice à la Locke.
"Tous rentiers !", tel est le slogan de l'Allocation Universelle. Le problème est que, dans la pratique, cette rente ne peut être très élevée. Ceux qui veulent le pouvoir auront toujours besoin d'argent, c'est une constante universelle, bien plus que les Droits de l'Homme ou la Constitution Française. Aussi le travail deviendrait-il une activité élitiste et réservée à ceux qui ont le pouvoir ou le convoitent. La masse serait condamnée au loisir, sous peine d'infamie. C'est le retournement absolu de la société de l'Ancien Régime, l'aboutissement de la démocratie moderne.
Convenons-en donc que c'est une vaste plaisanterie.

5 commentaires:

Jr a dit…

Désolé, j'ai effaçé les commentaires en tentant de faire une manipulation sur Blogger.

Anonyme a dit…

J'aime terriblement vos divagations ! Follement !

Cette allocation universelle m'évoque "La nuit des temps de Barjavel". Là, l'allocation est universelle et la même pour tous pour un temps de travail standardisé à 1/2 par semaine (si ma mémoire ne me fait pas défaut). L'équation "travailler plus pour gagner plus" n'est pas valide dans la société de "la Nuit des temps" puisque l'allocation est la même pour tous, du moment que le temps de travail minimal est effectué.

Utopiquement votre !

Jr a dit…

Je ne sais pas si vous avez lu "Globalia", de Rufin. Il fait état également de la problématique de l'allocation universelle.

[d'ailleurs, j'ai bien aimé ce livre, même si j'ai préféré son Goncourt "rouge Brésil"]

Jr a dit…

Que signifie CMFG ?
Club de Musculation et Fitness Giennois ?
Communications Management Functional Group ?
Compressed magnetic flux generator ?
Le mystère reste entier ...

Anonyme a dit…

Par élimination :

- ni le "Club de Musculation et Fitness Giennois" : ma masse musculaire est comparable à celle du mollusque rosâtre et puis, la sueur me fait horreur !

- ni le "Communications Management Functional Group" parce que cet alliage de mots accolés a un je-ne-sais-quoi de métallique

Reste donc le "Compressed magnetic flux generator"... inconcevable, n'est-il pas ?

"Globalia" de Rufin n'a pas encore servi de cale pour ma table de bureau. Bientôt, sans doute ...

CMFG ? Qu'est ce donc alors ? Des initiales, les miennes. Prénom (féminin) et nom composés.
CMFG, cela ne se mange pas, cela est "allumettissime" - ; ) J. -, cela sera à Paris cet été, cela aura certainement écrit le plus long commentaire dans ce TNRE qui n'est apparemment pas le "Turramurra North Real Estate".