Vendredi

J'avais prévu un week-end tranquille, entre célibataires, à s'échanger ragots, cigarettes et bouteilles, sur fond d'électro trendy et de rock d'adulescents "Paul-Smith-rebelles". Mais ce bel agenda est parti en fumée avec l'arrivée inopinée de ma "voisine", à qui j'ai promis de ne pas citer le nom et qui me fait déployer des trésors d'ingéniosité littéraire pour conserver cet anonymat. Dans le taxi, elle me raconte en détail la filature (d'où, l'imperméable noir trop grand) qui l'a menée, de façon plutôt inattendue pour elle, j'imagine, au hall de la Gare de Montparnasse. Elle ne m'en veut même pas pour ma conduite un peu stupide, et je ne lui en veux pas non plus pour m'avoir suivi. Je suis content de la voir/l'avoir.
Une heure du matin, et quelques minutes je crois, mais peu m'importe. Assise sur mes genoux installés dans un sofa du 396, elle enfouit mon visage sous ses longs cheveux blondis sous l'effet du White Spirit et de l'éclairage trop fort à mon goût. Les autres boivent notre bouteille de Moët, mais je n'en ai cure : je suis bien trop occupé à mordiller, puis à embrasser fougueusement ses lèvres. Ivre de passion et de champagne, je m'abîme dans la consommation frénétique et insatiable de son corps adoré et vierge.
Vers deux heures du matin. Alors que je tente de me relever péniblement, elle me force à rester assis, impérieuse. Un peu surpris, je m'exécute. Elle me fait remarquer que la magnifique bague qu'elle porte à sa main gauche, que je trouvais cependant un peu classique, est une bague de fiançailles qu'elle a héritée de sa grand-mère. Elle la retire et me la tend, son visage fin froncé par la concentration qu'implique ce drôle de rituel.
Je comprends alors qu'elle est en train de me demander en marriage. A ce mot, je pense à Diane qui est indubitablement moins jolie.

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