Il avait arrêté de fumer, ne buvait plus ou presque. Pas de tentation de chair car la seule femme était une grosse religieuse moustachue et transpirante. Il s'endormait à 10 heures et se réveillait à 5h30. Il commençait à se plier sans trop de difficultés à la rigueur de la vie monacale, chose qu'il n'aurait jamais soupçonné auparavant.
A quoi d'autre devait-il s'attendre ? L'Homme est une échelle moléculaire de perception, rien de plus, un zoom de la matière à un certain objectif. Plus large, on observe des planètes, de vastes conglomérats de roches, de glace et de gaz dérivant dans du vide. Plus petit, on observe des cellules en mitose ou encore des constructions complexes et hétérogènes d'atomes. Cela s'imagine sans peine.
Au niveau moléculaire, qu'est-ce qui distingue un homme d'un autre, ou même de l'air ou du stylo qu'il tient ? Un maillage plus ou moins resserré de molécules simples. A notre niveau de perception, des tâches de couleurs différentes et des volumes plus ou moins denses. Au niveau de l'espace, rien. Absolument rien. Pas une poussière, pas un grain de sable. Rien.
Je pense que le corps humain n'existe pas en soi vraiment, sinon comme une construction moléculaire dérivant dans l'infini de l'espace, coloriée par une vulgaire illusion d'optique. D'ailleurs, ces quelques phrases que j'écris en ce moment, n'est-ce qu'une simple succession naturelle de réactions chimiques ? Doit-on croire en autre chose qu'à la matière ? Quelle serait alors la place des concepts, de la pensée discursive, de l'idée d'un être infini cultivé, déployé et inondé dans le matériel et l'immatériel jusqu'aux tréfonds de l'univers ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire