Je me suis remis à la lecture de Vladimir Jankélévitch avec son Paradoxe de la morale : ce philosophe est vraiment extraordinaire, je veux dire, au sens vrai du terme. Son écriture est si dense et si poétique à la fois que je déchiffre chaque phrase avec la lente gourmandise du néophite amoureux des mots et de la pensée de cet homme.
Je me demande pourquoi quelqu'un qui approche de si près l'essence même de la Vérité est si peu connu. Et si la célébrité, la fama, était une dégénérescence, une corrumption de l'existence ? Et si le désir de gloire et de reconnaissance qui assèche et captive mon âme et mes pensées, n'était qu'un leurre, un vice même ? Comment expliquer sinon que le génie et l'absolu de l'intellect d'un pareil penseur se perde dans des étagères poussiéreuses et oubliées ? L'image du génie incompris et inconnu est-elle un fantasme, voire une contre-vérité, une fausseté ?
Plus prosaïquement et sur un autre plan, peut-on mourir au fin fond de la Creuse, sans en être jamais sorti, ignoré du reste du Monde, et se dire que l'on a réussi sa vie ? Paris est-elle le Purgatoire et l'Eden en même temps, Temple du Génie et de la Reconnaissance, ou est-ce un mirage diabolique qui nous détourne de notre propre vacuité et médiocrité ? Etre branché, être à la mode et admiré, est-ce toucher la quintessence de l'Homme ?
Si la réponse est bien celle à laquelle je pense, il pourrait y avoir des gens déçus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire