Je relis les Bienveillantes. Ce n'est pas une mince affaire : 900 pages de boue, de sang et de merde. 5 100 000 juifs génocidés au minimum. Un héros qui se fait enculer par des ouvriers et des soldats pour jouir comme sa première petite amie. Je l'ai lu un peu après que les critiques s'en soient emparés, alors bien placé pour décrocher le Goncourt. J'en ai eu une lecture rapide, aveuglé par les nombreuses critiques et le sulfureux parfum de scandale qui nimbait ce pavé de chez Gallimard. Quelques mois plus tard, j'en ai donc refais la lecture, et cela a considérablement changé ma vision du livre.
En effet, pour ceux que les théories de Ross, Kelsen ou Troper sur le droit nazi paraissent profondément hermétiques, mais restent avides de littérature trash sous fond de critique existentialiste, continuez à lire Bret Eston Ellis, c’est ce qui se fait de mieux (c’est peut-être le seul vraiment talentueux). Mais à ceux qui se sont demandés comment on peut conceptualiser un génocide, et surtout l'insérer dans une doctrine politique à la démesure d'un empire ou d'un Etat, alors (re-)lisez Littell. Prenez un marteau et frappez les pages du livre, plus précisément les dialogues entre le héros et les officiers qu'il rencontre : ils sonnent souvent plats, peu crédibles, indignes d'un roman-fleuve. Et pour cause ! Littell met dans la bouche de ces intellectuels, philosophes, professeurs de droit, de médecine ou d'économie, reconvertis en officiers SS ou de la Wehrmacht, toutes les thèses qui ont été produites sur l'Etat nazi, sur la légitimité du droit nazi, du génocide. Les Bienveillantes, ce n'est plus un roman sulfureux sur les troubles digestifs d'un petit nazi entre deux massacres ultra-violent, mais une synthèse au-delà des époques et des genres de pensée autour du gigantesque élan de réflexion philosophique et politique sur le nazisme.
C'est une anthologie de la pensée occidentale sur les dérives de l'Etat moderne, et de l'Etat nazi en particulier. C’est également un magnifique panneau « Attention danger ! » brandi au-dessus de nos têtes de petits européens égoïstes et blasés. C’est un livre en quelque sorte.
En effet, pour ceux que les théories de Ross, Kelsen ou Troper sur le droit nazi paraissent profondément hermétiques, mais restent avides de littérature trash sous fond de critique existentialiste, continuez à lire Bret Eston Ellis, c’est ce qui se fait de mieux (c’est peut-être le seul vraiment talentueux). Mais à ceux qui se sont demandés comment on peut conceptualiser un génocide, et surtout l'insérer dans une doctrine politique à la démesure d'un empire ou d'un Etat, alors (re-)lisez Littell. Prenez un marteau et frappez les pages du livre, plus précisément les dialogues entre le héros et les officiers qu'il rencontre : ils sonnent souvent plats, peu crédibles, indignes d'un roman-fleuve. Et pour cause ! Littell met dans la bouche de ces intellectuels, philosophes, professeurs de droit, de médecine ou d'économie, reconvertis en officiers SS ou de la Wehrmacht, toutes les thèses qui ont été produites sur l'Etat nazi, sur la légitimité du droit nazi, du génocide. Les Bienveillantes, ce n'est plus un roman sulfureux sur les troubles digestifs d'un petit nazi entre deux massacres ultra-violent, mais une synthèse au-delà des époques et des genres de pensée autour du gigantesque élan de réflexion philosophique et politique sur le nazisme.
C'est une anthologie de la pensée occidentale sur les dérives de l'Etat moderne, et de l'Etat nazi en particulier. C’est également un magnifique panneau « Attention danger ! » brandi au-dessus de nos têtes de petits européens égoïstes et blasés. C’est un livre en quelque sorte.
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